La prime de risque sur les marchés

Les notions de rendements et de risques sont fortement liées dans la finance. Nous entendons souvent que plus un placement est risqué plus le gain sera important. Ce principe découle directement de la notion de prime de risque : c’est le surplus de rendement donné à un investisseur pour compenser le risque qu’il prend. La prime de risque n’existe pas pour les placements à risque 0.

En général, les investisseurs sont plutôt averses au risque et vont préférer un rendement moindre pour un risque peu élevé.  Ainsi, la prime de risque peut aider certains à faire des investissements moins sûrs et plus volatils.

En France, la référence du taux sans risque est l’OAT 10 ans (taux des obligations d’Etat notées correctement) : lorsque l’OAT est de 1% alors un placement avec un rendement de 3% va proposer 2% de prime de risque.

Les composantes principales de la prime de risque du marché sont :

  • L’indice de référence
  • La distribution des dividendes des sociétés composant l’indice
  • Le taux sans risque

Ainsi il se peut que certaines primes de risque soient différentes d’autres (2% ou 4%) parce que la personne qui la calcule peut choisir le CAC40 ou bien Le Dow Jones, la base de données sera différente. Qui plus est, avec des taux sans risque qui diffèrent (OAT 10 ans, Bond 10…) et la prise en compte des prévisions sur 2, 3 voire 4 ans le calcul peut donner une infinité de résultats.

La prime de risque peut sa baser sur différentes données :

  • des données réelles historiques : sur de longues périodes, la rentabilité passée d’un actif ou d’un portefeuille est calculée en comparaison à l’actif sans risque. Cette méthode est peu réactive et fait la supposition que les agents économiques sont constants par rapport au risque, ce qui dans la réalité n’est pas le cas
  • des anticipations faites en calculant les dividendes futurs : c’est ce qu’il se passe dans la réalité. Au moment de l’achat un investisseur ne connait pas le rendement réel de son actif et ne peut avoir que des suppositions. Cette méthode suppose que les cours financiers se forment en fonction de l’espérance de rentabilité des investisseurs.

     

    Une méthode moins poussée est de calculer la prime de risque « instantanée » comme suit : le rendement bénéficiaire sur le cours actuel des actions – taux actuel du marché des OAT 10 ans.

Les primes de risque historiques peuvent varier rapidement en fonction de la période choisie, du type de moyenne utilisé ou bien du taux sans risque choisi. Les primes pas anticipation aussi peuvent varier en fonction des modèles de calcul, bien qu’en général la méthode sélectionnée est l’approche par les flux futurs, mais aussi en fonction des dividendes, de l’indice de référence…

Les primes de risques spécifiques sont liées :

  • au risque pays lorsque les activités sont réalisées dans des pays différents
  • au risque de taille et de liquidité de l’entité étudiée si celle-ci est plus faible/petite que l’indice qui est utilisé pour le calcul de la prime de risque du marché. Pour l’Autorité des Marchés financiers (AMF), ce type de prime est en règle générale destiné aux capitalisations d’un montant maximum de 100 millions €.
  • D’autres primes spécifiques sont parfois utilisées comme celles destinées à compenser un business plan jugé trop optimiste.

On ne peut donc pas à ce jour cibler une prime de risque et la définir comme celle de référence pour tous les calculs.

Actuellement le risque porte sur les anticipations des bénéfices par les analystes, qui ont été plutôt optimistes les années précédentes.

La prime de risque s’applique à tout type d’actifs financiers, notamment aux actions. Ce sont les dividendes attendus qui vont intégrer la prime de risque. Imaginons qu’une action rémunère à 3% sur l’année, si le taux sans risque est de 2% alors la prime est de 1%.

Sur les marchés, la prime de risque varie en général entre 8 et 10%, lors de grande incertitude elle peut monter jusqu’à 25% et jusqu’à 65% sur les marchés « nouveaux ».

Il est évident qu’une variation du taux sans risque fait varier aussi la prime de risque : une chute du cours de l’action provoquera de la méfiance sur les marchés et donc une hausse de la prime de risque. Et inversement.

Une prime de risque qui baisse fortement signifie que les agents vont acheter plus cher leurs actions, c’est un phénomène appelé écrasement des primes de risque. En période d’euphorie sur les marchés, la prime de risque s’annule et peut même devenir négative ce qui signifie que les investisseurs recherchent le risque.

Pour certains analystes, des primes dépassant une limite peuvent être vues comme signal d’achat (plafond) ou de vente (plancher).

Ce terme peut aussi caractériser la différence entre le rendement d’un actif et d’un autre. Avec la crise de la dette européenne, le terme de prime de risque est utilisé pour désigner la différence entre les taux d’emprunt des Etats. Mais ce terme n’a pas de rapport avec la prime de risque de marché dont on parle dans cet article.

La prime un bon indicateur pour investir ?

Elle n’annonce rien mis à part une crise de confiance chez les investisseurs sur certains entreprises/secteurs.

La baisse de cette prime peut venir de deux facteurs : la hausse du taux sans risque ou bien la dégradation des anticipations.

Généralement, lors d’une crise, il se forme un décalage entre les peurs d’une baisse de résultat et la dégradation des prévisions entrainant un pic de la prime.

C’est une donnée utilisée dans beaucoup de ratio et calculs boursiers tels que le coût moyen pondéré du capital (CMPC) ou taux de rentabilité demandé par les agents. Cette méthode permet d’actualiser les flux futurs de trésorerie d’un investissement.

Les indices officiels sont indépendants et représentatifs il est donc conseillé aux opérateurs calculant la prime de risque de se baser sur ceux-ci afin d’être le plus objectif possible.

Dans les documents de l’AMF les principaux fournisseurs de primes de risque citées sont Associés en Finance, Fairness Finance et Natixis. La moyenne des primes sur les offres historiques peut aussi être utilisée. Les primes historiques ont généralement de taux bien inférieurs aux primes fournies par Natixis et Associés en Finance.

Le choix d’une prime doit prendre en compte aussi des facteurs implicites et qualitatifs : le gout pour le risque des investisseurs, les situations économique/politique d’un Etat, la liquidité du marché …

 

Written on 29/09/2021

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